Per chi di voi mastica un po' di francese riporto quasi integralmente l'articolo di
Le Concierge Masquè apparso su Vanity Fair nella sua versione d'oltralpe. Il giornalista mascherato è pungente quel tanto che basta per farvi divertire e riflettere al tempo stesso. Galateo demodè? Affatto direi… ecco come comportarsi ad una cena elegante (e uscire alla grande).
Comment se comporter à un dîner formel (et s’en sortir)?
Déjà, en évitant déjà d’arriver
en retard en brandissant un bouquet d’œillets –merci pour la
scoumoune, ou toute verdure provenant de chez Monceau Fleurs.
Ensuite, en abordant stratégiquement le contexte comme on le ferait
devant une partie de Subbuteo. Soit apprendre les règles pour gagner
des points et mettre dans le mille, ce qui revient à considérer ici
la chose comme un jeu plutôt qu’un enjeu. L’invitation a été
formulée sans tapage, mais fermement. Il s’agira d’un dîner
formel entre affaires et sympathies, organisé au domicile de la
force invitante et dont les autres convives, maximum huit, se
connaissent (presque) tous. Sauf un/e :
l’invité/e-pour-la-première-fois. Attention, terrain miné ! Dans
ce cas de figure, sa place sera celle d’honneur, à la droite du
maître de maison si c’est une femme, de la maîtresse de maison si
c’est un homme. Les mœurs étant ce qu’elles sont, il est fort
fréquent que cet ordonnancement de l’étiquette soit sauvagement
bouleversé mais il est peu de monde pour penser qu’il s’agit là
de prémices à une troisième mi-temps.
Une fois assis/e, l’histoire ne
consiste pas à savoir si l’on boit ou non l’eau des rince-doigts
(cliché !) ni quelle fourchette utiliser en premier (re-cliché !)
ou si l’on noue sa serviette autour du cou comme un mangeur de
spaghetti-boulettes sicilien, mais quels sujets de conversation
aborder. Sachant que l’on ne parle pas à table de religion, de
sexe, de politique, d’argent et de sa petite santé, le champ des
topiques se fait plus étroit que le choix du plat chaud à bord
d’une carlingue British Airways – chicken ou poulet ? Un conseil
: se laisser porter. En effet, il appartient à l’hôte de lancer
les sujets de conversation, de veiller à ce que tout le monde y
participe, quitte à solliciter le Riri, le Fifi ou la Loulou qui
piquent du nez dans leur aspic, et à ce que nul ne dérape. Ceci
dans l’idéal, car passé un certain cap, on finira par parler
d’argent en invoquant l’économie, puis de politique économique
et actualité oblige, de politique et de sexe, et puis de santé (la
prostate de l’un, les nerfs de l’autre) jusqu’à ce que tout le
monde s’écharpe joyeusement au dessus du boeuf Wellington.
Bataille rangée et bombe glacée au menu. Festen en maraude...
Mettre de l’huile sur le feu étant
une spécialité typiquement française, cela n’empêche pas de
savoir se tenir en ne parlant pas trop. Ni de soi, ni des autres.
Soit éviter le potin comme la peste. Sait-on jamais qui siège face
à soi. Insupportable quand on tient du lourd ou qu’on sort de chez
le coiffeur. Profil bas si le contexte est vraiment formel ;
plaisanter aimablement si l’ambiance est plus conviviale. Ne pas
raconter des histoires de Toto ou rire à ses propres réparties.
Mieux vaut passer pour un éteignoir qu’un rigolo à la Séraphin
Lampion ou pire, un bouffon bas de plafond. Ne pas abuser du “je”
tenu pour égocentré et s’amuser à poser des questions faussement
naïves pour attiser les braises avec humour quand quelqu’un a
proféré une énormité au niveau des convenances. Voire relancer la
polémique l’air de rien en requérant les lumières d’un tiers
qui semble franchement ne pas en être une. Moucher l’incontournable
suffisance qui rase son monde catapulte illico au top des
réputations. Pas donné à tout le monde, d’autant qu’il faudra
ensuite tenir au long cours ce rang et cette réputation, au risque
du burn-out final.
Sinon, ne jamais dire “bon appétit”.
Ultra-plouc et fondamentalement mal élevé. C’est comme ça. En
revanche, une seule fois, pas deux ni trois, une seule, complimenter
l’hôte pour sa cuisine. Même si c’est infect – et ça arrive
plus souvent qu’on ne le pense. Attendre la fin du plat principal
pour exprimer cette courtoisie de circonstance, très attendue par
l’hôte qui ne doit absolument pas dire “ça vous plaît ?”
quand personne réagit. Ne pas réclamer le sel non plus : niveau 2
sur l’échelle de l’insulte aux bonnes manières. Normalement, le
sel est posé devant soi sur la table. Anormalement, le dîner sera
hyposodé et cela fera du bien à tout le monde.
“On n’interpelle pas ceux qui sont
placés à l’opposé de la table en hélant "Hé-ho-là-bas,
vous avez déjà vu des films avec Julie Gayet ?" ”
Entre deux bouchées de ces formalités,
on converse avec ses voisins sans établir un temps de parole fixe à
chacun. Aucun sablier en vue. Ce dîner n’est pas un débat. On
commence obligatoirement par celui de droite. A plus forte raison si
c’est une femme. Puis celui de gauche, même si c’est une femme.
C’est confus mais c’est exprès. Cerné par des femmes ? La
priorité reste à droite. Cernée par des hommes ?
Pouf-pouf-pouf-ce-sera-toi-qui-parlera. Sans tourner le dos à
l’autre, bien entendu. A moins d’une carrure d’athlète ou d’un
décolletté vertigineux à faire admirer. Autre bévue impardonnable
: “damer” le voisin pour parler avec le sien en l’obligeant
soit à reculer sa chaise de deux mètres, soit à plonger dans son
assiette pour laisser le champ libre. Caricatural mais plus fréquent
qu’on ne croit.
Il arrive que pour des motifs
décoratifs déraisonnables –chandelier dément, composition
florale absurde, montagne de faux raisins, chien empaillé, il soit
impossible de voir qui est assis en face de soi. Et à fortiori
d’engager la moindre conversation à moins d’attaquer le centre
de table à la machette ou au taille-haie électrique. Si la voie est
libre, les gens d’en face seront enchantés d’échanger. Sauf si
la table est trop large : on ne va pas crier pour se faire entendre.
En revanche, on n’interpelle pas ceux qui sont placés à l’opposé
de la table en hélant : "Hé-ho-là-bas, vous avez déjà vu
des films avec Julie Gayet ?", voire attirer leur attention en
les bombardant de boulettes de mie de pain, de cerises au sirop ou de
cuillers à moka. Les Marx Brothers ne sont jamais bien loin. Parler
encore et toujours, donc, mais seulement de voyages, de vacances, de
culture et de cuisine – unanimité garantie sauf pour les
macrobios. Il arrive que dans certains milieux, les hommes ne parlent
que de sports, chics évidemment, et les femmes, que de leurs enfants
et de leur visagiste. Potiche, le retour de la suite. A fuir, mais
trop tard, le piège s’est refermé. S’en sortir en filant à
l’anglaise en effaçant toute trace de son passage sur Terre ou en
déclarant ingénument : “Merci mille fois, c’était parfait,
tout était froid, sauf le champagne”. Le temps que ça monte aux
synapses, on aura gagné la frontière italienne pour s’en remettre
aux bons soins de Giorgia Fantin Borghi.
Auto-proclamée “guerrière des
bonnes manières”, cette Italienne très suivie sur les réseaux
sociaux officie notamment à l’hôtel Four Seasons de Milan où
elle enseigne les règles du bon ton aux sinistrés du protocole dans
le cadre de cours où elle mêle la cuisine et les arts de la table
et du recevoir. Prescriptrice absolue, Giorgia Fantin Borghi connaît
son galateo par coeur. Comprendre l’ensemble de règles des bonnes
manières reconnues dans la société et sujettes à lentes
évolutions sociétales. Ce qui pose un distinguo avec le bon ton,
considéré comme l’art de se comporter partout, un peu mieux qu’il
est nécessaire de le faire. Si l’on ne tient pas là un fascinant
sujet de conversation concernant TOUT le monde, avec plus-value
philosophique jusqu’au dessert et aux orangettes du café, autant
retourner chez les Pierrafeu et assommer Nadine de Rothschild et
Hermine de Clermont-Tonnerre au paléo-gourdin.
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